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chémanitou et machinitou

gereux, lorsqu’un grondement sourd, mystérieux se fait entendre. Chémanitou croit reconnaître que le bruit vient de la cave et s’y rend aussitôt. Arrivé au bord de l’ouverture, il se penche et, tout au fond, dans une lumière rouge, que ne voit-il pas ? — Le monstre, assis, embrasé, éclairant du feu qui vivement brille entre ses écailles, les parois du souterrain et les débris épars autour de lui.

Ses mains, dans la sinistre lueur, s’allongent, ramassent les membres cassés des créatures de rebut, les rassemblent, en refont des formes repoussantes, leur transmettent le feu et la vie… Il y en a qui circulent déjà dans le clair-obscur de la cave.

Le Grand-Esprit regarde sur l’île : aucun gros rocher ne s’y trouve dont il puisse fermer l’ouverture du gouffre. Faute de mieux, il amasse une énorme quantité de roches et de sable dans la gueule du souterrain, et s’en va.

Le silence se fait, mais ne dure guère : quelques jours à peine, et, comme de plus belle, le bruit recommence, s’accroît, devient inquiétant. Enfin, le sol frémit comme un être vivant… Que va-t-il en sortir ?

Un matin, de larges crevasses s’ouvrent au-dessus de la cave, une fumée noire en jaillit par flocons, monte en colonne et s’épanouit par le haut. Sous le ciel, elle s’étend, s’étend, forme un immense dais légèrement appuyé sur une couronne d’horizons lu-