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le paradis perdu

las ; leurs guirlandes de chichikoués et de ceintures magiques en peau de serpent, leurs chaînes de bracelets et de colliers : tout ce que les âmes ont trouvé dans leurs tombeaux et qui parle du passé lointain. Tawiscaron y voit le premier tomahawk encore teint de son sang ; les six patriarches y contemplent les arcs et les lignes qu’ils inventèrent ; les guerriers, leurs glorieuses massues ; les chefs, leurs panaches en plumes d’aigles ; les ambassadeurs, leurs chapelets de porcelaine, et les conseillers, leurs calumets.

Tous ces objets ne sont que des ombres. Ils continuent néanmoins de vieillir ; mais les injures du temps qui ne peut les détruire leur servent de parure. Ils ressemblent aux souvenirs à jamais gravés dans la mémoire des mânes.

En entrant dans cette demeure d’outre-tombe, les fils d’Attahentsic, émigrés de ce monde, déposent d’abord aux pieds de leur antique mère et nouvelle reine, leur apport au trésor des reliques. Ce tribut payé, ils n’ont plus qu’à se réjouir.

Mêlés à leurs ancêtres, ils dansent en rond dans l’immense enceinte. De ce fou plaisir ils se reposent par des chants, des jeux de corps et d’esprit ou des chasses aux ombres des animaux qu’ils ne peuvent plus tuer, et se contentent de percer de leurs piques ou de leurs flèches vaporeuses.

Ombres et souvenirs, voilà leur éternel partage.

Chassée du ciel, Atta la pécheresse ne fut jetée en