plus agiles que jamais et que leur demi-transparence fait échapper au regard inattentif. La lumière de midi est nécessaire à qui veut suivre des yeux les ours en promenade sur les rochers, les orignaux et les chevreuils en train de s’ébattre dans les prairies ou de se baigner dans les étangs ; c’est à cette même heure que les mouches étincellent sur les herbages et que les oiseaux s’estompent en volées frétillantes sur la grisaille des nuées.
Mais les formes imprécises des ombres, les bruits fugitifs et la ruine brillante des couleurs, impressionnent moins que le palais des trépassés et la gaieté rêveuse de ceux qui l’habitent.
Il s’élève, ce fruste palais, vers le milieu de l’île. Ses murs fantastiques que la nature a construit de blocs géants, ferment une immense enceinte à ciel ouvert. De noirs arbustes en ornent en dehors les fentes et les rampes. On dirait des escarpements ordinaires de montagne. Tout différent est l’intérieur où les parois murales servent de penderie aux objets les plus divers : ustensiles de la vie sauvage, habits à frange, riches fourrures, mille souvenirs apportés de la terre des vivants. L’hermine et les dépouilles d’oiseaux multicolores s’y détachent sur le sombre chatoiement du castor et de la loutre.
On y voit aussi de longues perches fichées en terre ou arc-boutées qui lèvent au-dessus des têtes leurs faisceaux d’arcs et de carquois, de lances et de coute-