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les hurons-iroquois

Mais cette nourriture est le fruit d’un labeur presque exclusivement féminin[1]. Les hommes se réservent pour les aventures de guerre et de chasse, les longues endurances de misère, les déploîments d’audace et d’héroïsme : seules occupations vraiment dignes de leur noblesse, de leur force et de leur courage. Dédaignant tout travail facile, monotone, quotidien, ils abandonnent la pêche elle-même aux vieillards et aux enfants.

Il leur faut des besognes dures ou rares, qui mettent en relief leur force ou leur adresse. Ils se chargent par exemple de bâtir les cabanes, de fortifier les villages et d’entourer les jardins de palissades. Ils consentent à fabriquer leurs canots, leurs armes, leurs calumets de terre cuite, des paniers à blé d’Inde. Ils daignent passer les peaux à la fumée, les racler avec des pierres tranchantes et les ramollir avec de la moëlle et de la cervelle d’orignal.

Le plus lourd travail qu’ils s’imposent est, sans contredit, celui de défricher des terres nouvelles, lorsque leur mode de culture intensive a épuisé les anciennes. Ils le font avec un outil qui ne se devine pas : une simple corde très longue et très forte en écorce de tilleul. Ils s’en servent d’abord pour casser toutes les branches en s’y suspendant. Cela fait, ils la lancent avec adresse à la tête de l’arbre ;

  1. Voir touchant le partage des travaux entre les deux sexes, De la Potherie et Lafitau.