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le paradis perdu

Attahentsic n’eut pas de fils, mais une fille unique et deux petits fils nommés Jouskéha et Tawiscaron.

Isolés dans leur île, les deux frères ont une heureuse jeunesse. De bonne heure ils s’exercent à chasser et à pêcher, à se fabriquer des armes et à les essayer. Dès que les roches commencent à croître sur la terre, ils inventent le tomahawk et s’en servent pour simuler entre eux des combats.

À ce jeu plein de danger avec une arme dont ils ignorent encore la puissance, Jouskéha frappe à la tête son frère et le tue.

Son fratricide involontaire ne l’empêche pas d’être le Bon Jouskéha. Père des Hurons et des Iroquois, il leur a appris à allumer du feu, un art qu’il tenait lui-même de la Grande Tortue. Depuis longtemps parti pour les mystérieux séjours d’outre-tombe, il continue de les protéger. Du soleil où il jouit d’un palais, il leur dispense la chaleur, ouvre ou ferme à leur demande les écluses de la pluie, car il est devenu le dieu des moissons. Il est aussi celui de la guerre, sans doute à cause de son invention, le tomahawk, et de son adresse à le manier. En allant au combat, ses fils l’invoquent sous le nom d’Areskouï.

Mais le Bon Jouskéha ne peut défendre sa postérité contre les persécutions de sa grand’mère. À lui le jour, mais à elle la nuit. Atta-la-Noire, établie