l’empirée, ils la révélèrent aux yeux perçants de la tortue.
Mais que va-t-elle devenir ?
— L’île qui l’a reçue, noyau de l’Amérique, destinée à s’agrandir toujours, imitera, avec moins de splendeur, les paysages du Paradis. Il y poussera un jour des forêts, des rochers et des montagnes. Les eaux de pluie y apprendront à cascader sur les pentes, à courir de méandre en méandre, à sommeiller sous les ombrages, à se couvrir de feuilles et de fleurs. Une partie des animaux ira l’habiter et des tribus nombreuses y représenteront la postérité de la femme céleste.
Elle reste belle, certes, la divine Atta, mais au fond de ses yeux à jamais privés de leur candide sérénité, se voient maintenant des ténèbres. Depuis sa désobéissance au Maître de l’univers, le remord est entré dans son âme et le péché continue d’y exercer ses ravages. Ses goûts, son esprit, son cœur, se sont corrompus. Sur l’île primitive, sa nourriture préférée se compose de serpents, de lézards, de vipères, des animaux les plus immondes.
Autant le ciel l’a connue inoffensive, autant la terre la trouvera méchante. Sa cruauté n’épargnera pas ses propres enfants qui lui devront tous leurs malheurs. Aussi ne l’appelleront-ils pas simplement Atta, mais Attahentsic, c’est-à-dire Atta-la-Noire. Mais n’anticipons pas sur le reste du récit.