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le paradis perdu

tiger, à se poser sur le gravier verdâtre, tout près de l’eau courante.

Leurs ailes, grandes comme des feuilles de nymphéa, se disputent l’éclat des diaprures. Il y en a de pourpres zébrées de safran ; de noires, ocellées d’orangé vif ; il y en a d’un rouge-chair, vergetées d’émeraude ; d’un indigo sombre, ponctuées d’or et largement bordées de minium.

Sur le gazon très fin, piqueté de fleurettes étincelantes, des battues partent de la fontaine et s’en vont disparaître au tournant des rochers. Le-Loup y remarque des traces de pieds humains plus petits que les siens et sourit de joie en songeant à la femme dont parlaient les oiseaux.

***

Un léger bruit de pas arrive, à peine distinct, jusqu’à la fine oreille d’Agohao et attire ses regards vers l’ombre sylvaine dont le lac est bordé. Et voici qu’à travers un réseau de branchettes graciles, il aperçoit une silhouette humaine.

Des clarières ensoleillées qu’elle passe, mettent en relief sa taille svelte, sa tête haute à long cheveux flottants, ornés de plumes, et l’urne rosâtre qu’elle porte sous son bras.

Cachée longtemps par des rideaux de lianes, elle reparaît enfin hors du bois, en pleine lumière, non loin de la fontaine.