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le paradis perdu

d’autres longipennes ; appuyé sur deux aigles d’énorme taille, s’élève triomphant. Une main aux guides, il arrache de l’autre les débris d’algues pris aux serres des oiseaux et les jette à la mer. De leur barque, ses frères voient ses yeux briller de joie dans la pénombre des ailes. Sous ses pieds l’océan s’éloigne, bleu, rayé de plus en plus fin par les vagues. Bientôt il voit, semblable à une plume noire, flottante, la pirogue de ses compagnons ; semblables à des brins de neige, les mouettes qui voltigent au-dessus des eaux. Enfin la mer elle-même s’efface et le voici, seul, parmi les nuages, dans l’immensité bleue.

Des nuages, il y en a des flottes, des montagnes volantes, des entassements vertigineux, troués de labyrinthes où la lumière s’égare ; il y en a des déploiements fantastiques. Dans les brumes blafardes, veinées d’éclairs, l’équipage aérien s’enfonce, et la pluie tourbillonne au vent capricieux des ailes.

D’un vol alourdi, haletants et l’œil en feu, les oiseaux dépassent la région des nuages ; mais leur respiration sifflante et l’eau qui suinte à la gorge des vautours inquiètent Le-Loup. Aucun rivage n’apparaît encore, si ce n’est pourtant que, vers le haut, une ligne un peu plus sombre se dessine dans l’azur.

La voix du héros excite ses farouches coursiers. Seules quelques frégates semblent infatigables.