Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
le génie du lac des deux-montagnes


« Quand le roi des serpents, pour assouvir sa rage,
Engloutit les forêts, les montagnes sous l’eau,
Je contemplai Missou, le divin, le très sage,
Des bêtes entouré, flottant sur un radeau. »

Chant de l’Imakinac.

« Et moi qui suis tombé des étoiles sublimes,
Des chutes je suis l’âme", entonne Imakinac ;
J’aime les bois rêveurs, les rochers, les abîmes,
L’anfracture sonore où mugit un ressac. »

« Je suis le confident des brises, du mystère ;
J’habite avec le songe et les illusions,
Dans la grotte où se glisse une pâle lumière
Par la fente qui baille et parle aux aquilons. »

« Ma race a pour séjours Québec, le cap Tourmente,
Tous les Niagara, le Saguenay, le Bic,
Oka, les Rochers-Peints où l’onde se lamente,
Et, sur l’Abbitibbi, le Sassinanabic. »

« Lorsque le grand Missou, délivré du Déluge,
Fit tisser des filets aux premiers Indiens,
Michillimakinac fut leur plus doux refuge,
Et du site enchanteur nous fûmes les gardiens. »

« C’est là qu’on nous offrait sous la lune sereine
Qui par solennité, ralentissait le pas,
Les calumets, le chants les grains de porcelaine,
Les prières, les vœux, les mystiques repas. »