Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
le génie du lac des deux-montagnes


Les voilà sortis de la terre,
Rêvant au pays des aïeux ;
Ils sont heureux, par quel mystère ?
Le bonheur semblait si loin d’eux !
Ils tirent des sons d’allégresse
Des chichikoués, des tambourins :
Par une poétique ivresse
Oka dissipe leurs chagrins.

Convocation des manitous.

Mais voici que se tait la flûte,
Et le génie entonne un chant ;
C’est par un appel qu’il débute.
Le lac s’émeut à son accent.

« Esprits de l’eau, des bois sonores,
Qui chevauchez dans le ciel bleu,
Sur la croupe des météores,
Tenant leurs crinières de feu,
Venez : l’étendard de la pluie
Se déroule, noir, dans le vent ;
Venez, enfants de l’harmonie :
C’est le pathétique moment ;
Le soleil luit sur cette plage
Qu’environnent les tourbillons :
Derrière un épais mur d’orage,
Venez jouer dans ses rayons. »