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en mocassins


Là demoiselle libellule,
Arrive en volant de côté ;
Et triste, la fleur du rivage
Qu’un papillon baise en partant,
Semble accuser d’être volage
Le cœur de son poudreux amant.

Or, sur l’îlot, la mélopée.
Pour eux, s’exhale en quarts-de-tons :
Fine dentelle découpée
Dans les rumeurs des aquilons,
Dans les airs du vent que tamise
Le pin, cette lyre des dieux.
Et jamais cet art ne s’épuise :
Du vif l’air passe au langoureux,
Charme l’oreille des barbues
Éprises de rythme indolent,
Et règle à ravir des tortues
La ronde au pas rétif et lent.

Bien plus, merveille ! des gébies
Dont on ignore les tombeaux,
Montrent leurs faces de harpies.
Le vent agite les lambeaux
De leurs tuniques, et des larmes
Humectent leurs yeux desséchés :
La flûte a percé de ses charmes
L’ombre où ces morts dormaient couchés.