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en mocassins



Fausse amitié, tu m’as contrainte
À périr loin de mon amant.
Esprit du vent, porte ma plainte
Au beau chasseur qui m’aime tant !

Plus agile qu’une chevrette,
Il va traverser les grands bois,
Et me trouver ici seulette.
Écho, répète-lui ma voix !

Comme les traits de la lumière,
Sa nacelle franchit les eaux.
Allez lui dire ma prière,
Ô mes amis, petits oiseaux !

De son grand cœur je suis la reine…
Oh, qu’il est brave ! Oh, qu’il est fort !
Je vois sa colère et sa peine,
Dès qu’il saura mon triste sort.

Déjà le soir ferme sa tente,
Et dans la nuit qui voile tout.
J’entends ma complainte que chante
La voix lugubre du hibou.

Nul autre ami ne me console !…
Je m’endors… Esprit du sommeil,
Va chercher mon bien-aimé, vole…
Avant le retour du soleil !