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les algonquins

Michabou lança à la tête de son père, Kabéoun, le manitou du vent d’ouest, sur lequel il vengea ainsi la mort de sa mère.

— Que d’îles gracieuses semblent descendre au fil de l’eau la rivière du Détroit ! Ne dirait-on pas des corbeilles flottantes remplies de verdure ? — Ce sont les ruines d’une cabane, celle de Barrage-du-Lac, un manitou dont voici en résumé l’émouvante histoire.

La décharge du lac Huron était sa demeure ; une jeune Sauteuse, l’objet de sa passion ; le dieu des tempêtes, son rival. Ce dernier souleva les ondes qui brisèrent leur digue et changèrent une lune de miel en une comète de malheur. Le wigwam où souriait l’heureux couple, emporté par l’eau furieuse, laissa ses débris accrochés aux roches du fleuve. Là, ils se couvrirent de cette sauvage beauté, comme s’ils eussent voulu perpétuer le souvenir du bonheur qu’ils avaient abrité.[1]

— Que fait le tonnerre avec les nuages ? — Il vole au-dessus ; le bruit sort de ses ailes et les éclairs jaillissent de ses yeux. Cet oiseau monstre, tous ceux qui le voient doivent monter, suspendus à ses serres, vers quelque pic inaccessible de montagne. Le seul homme qui lui ait échappé est un Sauteux. Un soir, revenant de la chasse, il est saisi et enlevé, mais ne lâche pas ses armes. Avec du bruit plein les oreilles et de l’éblouissement plein les yeux, il

  1. « Algic Researches », vol. I, p. 129.