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en mocassins

quitter lorsqu’on leur offrit de retourner chez les auteurs de leurs jours.

Les Hurons ne condamnent jamais leurs criminels à la mort, à une peine corporelle ou au bannissement, ainsi qu’on le fait chez les Algonquins.[1]

Observons toutefois que le P. Bressani, captif à Onnontagué, ne paraît pas s’être épris d’admiration pour la douceur de ses hôtes : « Je suis ici au milieu des ombres de la mort, écrit-il, et je n’entends parler que d’homicide et d’assassinat. Dernièrement, ils ont assommé un de leurs compatriotes, sous prétexte qu’il était inutile et qu’il ne méritait plus de vivre. »[2]

La coutume de se débarrasser des bouches inutiles, répandue aussi chez les Algonquins, y est plus explicable : ces nomades doivent traîner leurs vieillards et leurs infirmes. Ajoutons que les peuples misérables du Nord, ceux que la faim oblige quelquefois à se nourrir du liber de certains arbres, et que les iroquois nomment par mépris Mangeurs d’écorce, sont à peu près seuls à la pratiquer ; encore n’est-ce que dans les cas extrêmes, de sorte qu’ils suppriment moins la bouche inutile que le fardeau intolérable. Enfin, le plus souvent, la victime elle-même demande la mort par compassion pour ses parents.

  1. Voir Sagard, ch. XXVI, p. 424.
  2. Rouvier : « Au pays des Hurons », p. 150.