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DANIEL AU COUSIN PIERRE

» Tu vois, c’est bien moins compliqué que chez nous.

» Devine quel est l’objet qui excite le plus leur envie ? — Une montre, mon cher. — La première condition posée par un remplaçant, c’est qu’on lui donnera une montre d’argent. La posséder est une joie d’enfant. Je connais dans le faubourg de Kerentreck un grand gars bien taillé, solide comme un pont neuf, engagé, rien que pour cela et cent francs comptant, destinés à sa vieille mère.

» Je ne t’ai encore rien dit du pays, tu serais fâché, j’en suis sûr, d’ignorer ce que je peux si facilement t’apprendre.

» Connais-tu les dunes, toi ? c’est-à-dire de grandes masses de sable ayant des mouvements comme les vagues de la mer ; en Bourgogne, il n’en existe pas ; en Bretagne, c’est commun ; parfois elles ont produit des événements terribles. Un bourg fut englouti par les sables de l’Océan.

» Au siècle dernier, des montagnes de sable, poussées par le vent, s’étaient accumulées sur le rivage ; elles envahirent par degré le territoire de la commune d’Escoublac. Bientôt les maisons disparurent, puis l’église ; la flèche du clocher se vit longtemps, elle finit aussi par disparaître complètement. Les habitants, comme tu penses, n’attendirent pas au dernier moment pour bâtir un nouveau bourg à quelque distance de l’ancien.

»Puisque je te parle de phénomènes naturels, je n’oublierai pas, mon cher Pierrot, de te