preuves plein les mains, je ne t’en citerai qu’une.
» Il y a quelques mois, un jeune conscrit entrait au régiment, il ne savait pas un mot de français ; les autres s’amusaient continuellement à lui parler, ce à quoi le pauvre Yvon répondait toujours les larmes aux yeux :
» Nentenquet !
» Je ne comprends pas !
» Les camarades riaient à gorge déployée et lui répétaient sans cesse en se moquant
» Nentenquet ! »
» Le pauvre garçon ne mangeait plus, ne dormait plus, ne parlait plus, n’avait ni force ni courage et pleurait en regardant dans la direction de son village.
» Le docteur l’envoya à l’hôpital, quand il y eut séjourné quelque temps, aucune amélioration ne se faisant sentir, le docteur alla près de lui, et lui dit dans sa langue :
— » Yvon, pourquoi ne veux-tu pas guérir ? Quel est ton chagrin ?
» Yvon soupira : Le pays !
— » Ecoute, si tu vas mieux demain, tu partiras.
— « En congé ?
» Son teint s’anima.
— » En congé.
— » Mon Yvon se met alors à sauter, à danser, à rire comme un fou ; il entonne le chant national des Bretons. Le lendemain, il se portait parfaitement bien ; il retourna chez lui et n’eut plus jamais d’atteinte de son mal.