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PREMIERS PAS EN BRETAGNE

L’enfant me regarda ébahi, ouvrit les yeux, ouvrit la bouche et resta muet.

— Parle donc !

— Nentenquet, dit-il doucement avec un geste négatif.

Je contins un mouvement d’impatience et je marchai à l’aventure dans le village, cherchant à droite et à gauche. J’arrivai bientôt devant un énorme tas de fumier bouchant aux trois quarts une porte basse. Un bonnet de coton et une fourche apparaissaient par intermittence au-dessus, du côté de ce que je présumai être l’écurie.

Je profitai du moment où le bonnet se montrait pour crier :

— Brave homme ! dites-moi, je vous prie, où demeure le pere Kerkillac ?

Je tremblais d’entendre encore le fameux « nentenquet » car je mourais de faim quand la houppe du bonnet sembla s’émouvoir, elle şe haussa et une figure humaine fixa ses yeux sur ma personne.

— Ici, répondit l’homme.

— Enfin !… Et par où entre-t-on ?

— Par ici !

— Comment ?…

— Passez par dessus le tas.

— Mais, c’est dans la maison que je veux aller.

— C’est pour ça ! comme je vous dis…

Je crus qu’il ne comprenait pas bien ; à tout hasard, je montai sur le tas de fumier et je