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SERGENT !

çant, vos opinions sont connues et l’on a divulgué le secret de cette assemblée, si vous sortez, vous serez massacré. Moi, soldat français, je ne marcherai pas sur Paris ! Je suis prêt à rendre mon épée plutot que de tirer sur le peuple… mais, j’essaierai de vous sauver au péril même de ma vie. Veuillez quitter votre uniforme et revêtir ainsi que le lieutenant Belpoule la simple capote des hommes. Tant que vous ne serez pas hors de la ville, je serai inquiet.

Dans la rue les cris redoublaient :

À bas La Tour ! vive le 43e !

Le général avait des frémissements involontaires. Il endossa une capote, Belpoule en fit autant ; on apporta une de ces grandes mannes qui servent pour les provisions. Ils la prirent chacun d’un côté comme des hommes de corvée.

On les fit sortir par derrière.

Quelques personnes groupées causaient.

— Marchez tranquillement ; mais ferme, souffla le colonel Thierry aux fugitifs.

— Hé ! camarades ! leur cria-t-on, venez vider un verre avec nous en l’honneur…

— Laisse donc ! ils vont aux provisions.

— Aux provisions ? à cette heure ?

— Il faut bien fêter le jour de…

— C’est égal ! je veux trinquer avec un militaire, moi ! Allons, camarades, rien qu’un verre !

L’homme allait passer son bras sous celui du général…