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SERGENT !

ple était mécontent du roi s’efforçant de ramener l’ancien régime.

Paris enfin se souleva.

Pour maintenir le calme dans les villes on faisait faire des patrouilles par les troupes. Comme notre bataillon passait dans les rues du Havre, l’arme au bras, des murmures se firent entendre… les habitants croyaient que nous voulions rompre la paix avec eux.

Plus nous avançons, plus les murmures redoublent, la foule se presse, grossit, nous entoure… des paroles menaçantes retentissent.

Le colonel Thierry s’aperçoit que nos baïonnettes sont cause de cette surexcitation, il commande de sa voix superbe :

Reposez arme !

Remettez… ette !

« Mes enfants, s’écrie-t-il, se tournant du côté d’où étaient parties les menaces, nous ne venons pas ici pour vous égorger, nous sommes des soldats, non des bourreaux ! Vous êtes nos frères et nos amis… si vous nous voyez sous les armes, c’est pour protéger et défendre les bons citoyens ! »

Il fait un signe et la musique entonne la Marseillaise.

Un cri immense et spontané retentit : Vive le 43e !…

— Par file à droite !

Instantanément un passage s’ouvre, le bataillon se dirige vers la caserne ; une foule bruyante nous précède, nous suit, longe nos rangs, parle,