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1830

venant sur le flot qui les berce, comme une mère son petit enfant ; ou qui, emportés par la vague à des hauteurs prodigieuses descendent, en glissant doucement pour être emportés de nouveau.

Vais-je parler du vieux Havre de ma jeunesse, si différent de celui d’aujourd’hui ? Nul ne le reconnaîtrait. Les années passent, les villes changent ainsi que les coutumes et les individus.

Je ne peux, moi, me figurer le port, sans voir la grosse tour de François Ier et bien d’autres choses ayant disparu. Si un des monuments porta le nom de ce roi, c’est que la ville lui doit sa splendeur maritime. Les fondements en furent jetés par Louis XII.

En 1515, c’était une bourgade habitée par des pécheurs ; le roi de France jugea prudent de défendre l’entrée d’une rivière par laquelle les Anglais avaient tant de fois pénétré dans le royaume ; car, selon une parole célèbre : Paris, Rouen, le Havre ne forment qu’une seule ville dont la Seine est la grande rue. La nouvelle cité devint bientôt florissante, une citadelle fut construite dans laquelle Mazarin fit enfermer les princes de Conti, de Condé et de Longueville pendant la Fronde ; depuis, chaque période de siècle augmente l’importance et la prospérité de cette ville d’origine si récente.

En 1830, alors que Charles X était sur le trône, le mois de juillet touchant à sa fin, des bruits alarmants pour la tranquillité publique circulèrent de tous côtés. On disait que le peu-