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SERGENT !

gons — et frappaient à tort et à travers de toute la vigueur de leurs bras, cherchant à nous barrer le passage.

Nous nous défendions de notre mieux ; chacun de mes hommes et mon fourrier avaient affaire à un dragon ; pour moi, je luttais contre deux.

Adossé à un mur, je parais les coups terribles qu’ils me portaient, sans désirer les atteindre ; car je l’avais vu au premier abord, ces malheureux n’avaient plus leur raison.

Mes bons bourgeois disparurent. Harassé, épuisé, ruisselant, je voyais le moment où l’un de ces insensés me fendrait le crâne d’un coup de sabre, lorsque ces cris :

« Courage ! on vient à l’aide ! » me rendit une lueur d’espoir.

Un de nos camarades passant à quelque distance avait entendu le ferraillement des sabres, il me vit attaqué par deux hommes à la fois… une idée lui vint : il lança son pied au-dessus des jambes de l’un de mes adversaires qui se retourna, le prit à partie : le combat eut lieu ainsi d’homme à homme.

Certainement des morts seraient restés sur le terrain s’il eût duré quelques instants de plus, mais le pavé résonna bientôt sous le choc de pas lourds et mesurés.

La patrouille !

Ce mot produisit un effet magique sur les dragons. Ils hésitaient, ne sachant s’ils allaient fair ou continuer la lutte. Cela dura une seconde ;