Page:Guinault - Sergent ! (1881).pdf/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
SERGENT !

de mal devant moi ; je suis leur ami, et je ne perds jamais, comme tu vois, une occasion de faire leur éloge.

Après une longue causerie dans laquelle je fus obligé de recommencer plusieurs fois la même chose, nous aperçûmes ma mère qui nous attendait sur la porte.

Mon retour était une véritable fête, non seulement pour mes parents ; mais pour tous ceux qui m’avaient vu petit. Quand je passais, on m’appelait, on me faisait entrer de force, et il fallait, bon gré, mal gré, manger ma part de tarte au potiron ou aux poireaux, — un régal du pays.

C’était à qui me parlerait, m’aurait, me garderait, me donnerait des marques d’estime et d’amitié. Le garde-champêtre, saisi de respect pour mes galons, se redressait en me voyant, portait militairement la main à son bonnet de coton bleu et saluait en disant :

— Major…

Mon amour-propre était vraiment dans la jubilation.

Hélas ! les bons jours vont trop vite | Le congé expira : il fallut partir. Quel serrement de cœur ! Il est si doux d’être aimé et de ne voir que des visages heureux de votre présence !

Je promis à ma mère de revenir bientôt, cette assurance, la pensée que j’étais satisfait de mon sort et que le numéro treize était le plus inoffensif des numéros, lui donna du courage.

Elle vint avec le père, le parrain et les amis me conduire à la diligence.