À sa place, qu’aurais-tu fait, Pierrot ?
— Moi ? contre la force, il n’y a pas de résistance.
— Excuse-moi ! mais, vois l’esprit de mom âne : il pensait comme toi : Soulevé par six mains vigoureuses, il s’abandonna et tomba inanimé sur la terre.
— Que dis-tu ?
— Il se trouva mal…
— C’est trop fort !
— Tout comme je te le dis ! je l’ai vu de mes deux yeux. Mollement étendu, il gisait sur le sol humide… les trois autres se regardaient hébétés.
— Je le crois !
Plusieurs personnes s’étaient arrêtées, et voyant le malin animal clignotter les yeux en faisant le mort, riaient à gorge déployée. Furieux, le maréchal, sa fille et l’ouvrier se mettent à maltraiter l’âne, détachent la bride, crient hu ! ho ! dia ! tout le vocabulaire propre aux animaux — rien ! — On rit plus fort.
Le maréchal vexé dit à sa fille :
— Taisie, cours me chercher un bâton !
Un coup de son gros pied démanche le balai, elle arrive menaçante avec son arme ménagère.
L’âne entr’ouvre l’œil, aperçoit Martin-bâton, se relève, s’enfuit et court encore. La stupéfaction fut si grande qu’il était chez son maître avant qu’on eût songé à l’arrêter.
— Ah ! ah ! ah ! il y a des animaux pleins d’intelligence.
— C’est pourquoi, je te prie, de n’en jamais dire