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SERGENT !

— Chut ! respecte les ânes, ils ont plus d’esprit et de savoir qu’on ne croit.

— Alors, pourquoi ont-ils la renommée que tu sais ?

— Parce que, nous autres hommes, nous n’observons pas assez profondément les choses, il en résulte souvent de faux jugements. Ecoute plutôt : J’ai connu dans les environs de Perpignan un vieil âne très peu entêté, ayant toujours été traité avec douceur. Le garçon de la maison le conduisit un jour chez le maréchal pour le faire ferrer ; le voilà, passant la bride dans un gros anneau, l’attachant solidement en attendant que le maréchal qui chauffait son fer, l’eût battu — conformément au proverbe. L’opération faite, le jeune homme peu patient était parti.

Le forgeron fut obligé d’appeler son compagnon pour tenir le pied de l’âne.

Le pauvre animal, froissé de la brutalité de l’ouvrier, se plaint en son langage et raidit sa jambe.

L’ouvrier se fâche, le maréchal s’emporte. Ce dernier, pour vaincre la résistance du baudet, demande du renfort. Sa fille arrive, la grosse Tasie, de la force de quatre hommes et un caporal.

Tasie secoue la bride avec violence, administre plusieurs coups de poings accompagnés d’invectives — robustes : et, d’un mouvement brusque, saisit la bête par une des jambes de devant tandis que les deux hommes empoignent celles de derrière…