jour en travaillant ; ma vieille mère se porte le mieux qu’elle peut ; et le soir, pour la distraire, je lui lis l’almanach.
— Vraiment, Pierrot, tu sais lire ?
— Pas aussi bien que toi probablement ; mais assez pour voir autre chose que du noir et du blanc sur la page d’un livre.
— J’en suis enchanté !
— Figure-toi ! J’ai appris presque seul, j’ai mis bien du temps… notre ouvrage nous pousse, nous autres, n’importe ! quand on arrive où on veut !
— C’est très bien cela, Pierrot !
— Je te le dirai même, que j’écris un peu ; mais si gros… je l’avoue : que si j’ai eu la patience et le courage d’en arriver là, c’est parce que tu m’as donné l’exemple. De cette façon, je fais mes affaires moi-même.
— C’est le meilleur moyen de les voir en bon état.
— Puis j’apprends à mieux cultiver mes terres, à soigner le bétail comme il faut, à rire de ce qui n’est pas raisonnable, et à faire mon devoir envers mon pays.
— La bonne chose que l’instruction.
— Ah ! oui, la bonne chose ! je le sens ! je ne peux le dire assez ! C’est bien curieux de connaître ce qui nous entoure et ce que les hommes ont fait avant nous ! Pourtant, il y a ici des jeunes gens trouvant toutes sortes de prétextes pour croupir dans leur ignorance ; ils mériteraient de tenir compagnie à nos ânes…