Page:Guinault - Sergent ! (1881).pdf/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
SERGENT !

Bourgoins, tout joyeux de la surprise que je ferais au cousin.

À travers une lucarne de l’écurie, je le vis emplissant les rateliers de foin.

— Hé ! Pierrot ! criai-je sans me montrer.

Il se redressa, poussa une exclamation, jeta la botte qu’il tenait et s’élança vers moi.

— Daniel ! Daniel !

— Pierre ! mon bon Pierre !

Nous étions dans les bras l’un de l’autre.

— Te voilà ! te voilà donc !

— Oui, mon ami, pour quinze jours entiers.

— Cinq ans… sais-tu qu’il y a cinq ans que nous ne nous sommes vus.

— Si je le sais, Pierrot !

— J’espère que nous nous verrons tous les jours pendant ton congé. Tu dois en avoir appris par là, toi qui désirais tant étudier ?

— Plus que je n’aurais fait ici.

— Cela va de soi.

— Écoute, mon Pierre, reviens avec moi, nous causerons, je veux quitter mes parents le moins possible, le temps passe si vite !

— Tu as raison, je t’accompagne. Holà ! Jean.

— Louis, va un peu soigner les bêtes à cornes !

— Mathurine n’a pas tort, Pierre, tu as enforci, je te trouve un peu changé : mais tu as toujours ta bonne gaîté d’autrefois.

— Mais oui ! je n’ai pas lieu de me plaindre, d’ailleurs à quoi sert la mauvaise humeur ? Mon sort n’est pas malheureux, je l’améliore chaque