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LE CONGÉ

à leur dire. Avant de nous séparer je visitai toute la maison.

Ma pauvre Brunette, la vieille jument et le bon César avaient terminé leur vie depuis longtemps.

— Si tu savais, disait ma mère, combien les pauvres animaux ont eu de chagrin de ton départ ! Brunette hennissait en tournant les yeux vers la porte comme pour t’appeler. César est resté trois jours sans manger… tous les jolis tours qu’il savait faire, tu te souviens ? Eh bien ! ça été fini !

— Pauvre César !

— Et on dit que les animaux ne comprennent pas, ne pensent pas ! un jour il arriva portant dans sa gueule une de tes vieilles blouses. Où l’avait-il trouvée ? je n’en sais rien. Il la posa près du lit et s’allongea dessus. Le petit à la Toinon qui soigne maintenant notre bétail, voulut la retirer, César grogne et saute sur le marmot. Il l’aurait mordu, lui, si doux d’ordinaire, heureusement nous sommes venus à l’aide. La nuit d’après, sans avoir bougé, il était mort.

— Pauvre César !

— Ne te fais pas de peine, mon ami, il n’a jamais été malheureux, et on peut bien dire qu’il est mort de vieillesse… Allons, mon enfant, il est tard, bonsoir ! à demain ! Je serai éveillée avant toi.

Cette nuit-là, je ne dormis pas.

Le lendemain, de grand matin, aspirant, avec ivresse l’air pur, je me rendis à la ferme des