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SERGENT !

— Elle a raison, j’ai fait quelque chose : j’ai mis en pratique les conseils du parrain, c’est-à-dire, sauté les bouchures le mieux possible, mis en action ces trois mots : travail, honnêteté, volonté et chanté dans les moments difficiles :

Tant qu’il reste un brin d’espérance,
Il faut toujours dire : En avant !

— Bravo ! c’est parler ! s’écria le parrain rayonnant.

— Mes enfants, dit Mathurine, chacun est comme il peut, on ne se fait pas. Je crois ce qu’on m’a appris à croire dans mon enfance, je ne vous en dirai pas plus long.

— C’est pourquoi, il faut élever les enfants raisonnablement puisque les racines de l’éducation sont si profondes et si vivaces ; ne leur mettons dans l’esprit que ce que nous voulons y voir germer… mais, suffit ! le fillot va nous conter ce que ses lettres ont oublié. Allons ! approchons des chaises, et serrons les rangs !

Je m’assis près de ma mère. Elle prit une de mes mains dans les siennes, Mathurine se plaça sur un escabeau dans la cheminée ; le père et le parrain en face ; les voisins, où ils purent. Au milieu de ce sympathique auditoire, je fis le récit des cinq années passées au régiment.

Lorsque chacun eut regagné sa maison, je causai encore fort longtemps avec mes parents et le père Lascience ; leurs questions ne tarissaient pas et moi, j’avais toujours quelque chose