du guignon d’être accourue sans mes lunettes |
— Et Pierrot ? dis-je, où est Pierrot ?
— Chez son oncle, à la ferme des Bourgoins.
— J’irai le voir demain matin. Est-il changé ce bon Pierrot ?
— Dame ! répondit Mathurine, tu sais, il est un peu plus grossier qu’auparavant.
— Comment ?
— Oui, grossier du corps… puissant quoi ! Va-t-il pas rire de nous à présent ce garnement-là ? Cher garçon… il m’embrasse… toujours du naturel… Tu me fais pleurer, mauvais sujet ! Mais est-il brave ! ça vous a une tournure… militaire ! Marie-Jeanne, ma chère, il n’y a nulle part de beaux garçons comme chez nous ! Mon Dieu ! que je suis donc aise de le revoir ! Et puis, pas fier… je l’ai vu venir au monde, galopin !
Le père Lascience arriva avec la fameuse bouteille dont le vin généreux pétilla aussitôt dans les verres.
— Mes amis, dit-il, en élevant le sien : Au numéro Treize !
— Au numéro Treize, repris-je.
Mathurine hésitait.
— Vous ne reviendrez donc jamais de ces idées-là ! est-ce qu’avec son numéro treize ne le voilà pas, au bout de cinq ans, instruit, bien portant et sergent-major.
— Oui, mais…
— Mais, quoi ?
— Qu’est-ce qui prouve qu’il n’a rien fait peur détourner la malechance ?