Page:Guinault - Sergent ! (1881).pdf/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
SERGENT !

Je la saisis dans mes bras en criant comme un enfant :

Maman ! Maman !

— Mon garçon ! mon garçon ! ah ! mon garçon !… Folle de joie, elle pleurait, m’embrassait, me pressait sur son cœur, prenait ma tête dans ses mains et m’inondait de larmes.

— Et moi ? disait le père, mon Daniel ! mon enfant !

Le parrain debout m’ouvrit ses bras sans parler.

Nous pleurions, nous riions ; nous nous embrassions… pendant un instant, nous avions tous perdu la tête.

Puis tous les trois me considérèrent des pieds à la tête.

— Marie-Jeanne, mon pari est gagné ! hein ! qu’en dites-vous ? Voyons, mon vieux Daniel, es-tu content ? Attendez ? je reviens… Il y a chez moi derrière les fagots certaine champenoise qui va profiter de l’occasion pour sortir. Tudieu ! comme le bouchon va sauter !

En un clin d’œil, la nouvelle de mon arrivée se répandit ; bientôt, voisins et voisines accoururent. La vieille Mathurine, son bonnet de travers, se précipita dans mes bras.

— Bonnes gens ! c’est lui en chair et en os, oui vraiment ! C’est lui ! Est-il vêtu ! Oh ! les beaux galons ! c’est de l’or, dis ? Tourne-toi donc par derrière… comme ça lui va l’habit militaire !… Bon ! je n’ai pas mes lunettes ! allez donc me chercher mes lunettes, quelqu’un ! faut-il avoir