Page:Guinault - Sergent ! (1881).pdf/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
SERGENT !

le cœur palpitant, vers la maison paternelle.

Lorsque j’aperçus le village, je m’arrêtai un instant saisi d’émotion, les larmes m’étouffaient et jaillirent de mes yeux.

« Salut ! m’écriai-je, Ô mon vieux hameau, Ô vous, maisons amies, témoins-des premiers jours de ma jeunesse. La douce lumière du soleil couchant vous éclaire et vous dore, des parfums délicieux vous enveloppent de toutes parts. salut !

« Que ne puis-je, ô terre natale, t’inonder ainsi des lumières de la science, t’en entourer, en répandre à flots de tous côtés et chasser loin de toi l’ignorance et la superstition, te faire naître à la vie véritable : à la vie de l’intelligence et de la vérité. Ô mes amis ! ô mon pays ! nous pourrions tant pour l’avenir ! »

Le soleil s’éteignit peu à peu dans un océan de pourpre, lanuit tombait quand j’atteignis l’entrée du village. Déjà chacun était rentré chez soi, les portes closes et les volets fermés annonçaient qu’on était sur le point de se livrer au repos ; pourtant, de temps en temps, la faible lumière des lampes filtrait à travers leurs planches mal jointes.

Malgré l’obscurité, je reconnus notre porte, toujours la même avec son loquet qu’on ne verrouille jamais.

Je regardai à travers les vitres, tout bouleversé, prêt à crier : C’est moi ! mais, paralysé par la violence de mon bonheur, je restais là, sans pouvoir agir ni parler.