Page:Guinault - Sergent ! (1881).pdf/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
SERGENT !

D’un coup d’œil, je parcours les lits. Dans chacun une forme allongée jouit de l’heureuse immobilité, annonçant les plus doux rêves.

— Qu’ils sont calmes ! pensais-je. Quel bon sommeil !

Un seul, Lagneau qui occupait un lit près d’une fenêtre, fit un mouvement, j’aperçus sa figure.

Je commençai alors à appeler chaque homme par son nom :

— Loiseau ?

— Présent !

— Canard ?

— Présent !

— Pinson ? — Pivert ? — Lapie ? — Rossignol ?

— Présent ! Présent ! Présent !

Les malheureux dormaient à moitié en me répondant.

Je me tournai très satisfait du côté opposé et je continuai l’appel nominal.

— Renard ? — Lebœuf ? — Lyon ? — Goret ? — Lecerf ? — Lagneau ?

— Présent ! Présent !

— Vraiment ! me dis-je, les autres n’ont pas tort d’appeler cette chambrée « la Ménagerie » ; une semblable réunion de noms est tellement bizarre, que, si je ne tenais la liste dans mes mains, je croirais qu’on l’a inventée à plaisir ; mais le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.

Tout en parlant ainsi, mon pied heurta quel-