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LES ARDENNES

Pendant une dédicace, c’est ainsi qu’on nomme les fêtes, j’ai même été témoin de jeux presque sauvages qui aujourd’hui certainement ont cessé d’exister ; je veux parler du jeu de l’oie.

Une oie vivante est attachée par les pattes à un poteau ; les jeunes gens tirent des numéros dans l’ordre desquels ils doivent agir. Une foule nombreuse fait cercle, laissant un certain espace vide autour du poteau. On bande les yeux au numéro un, on lui remet un sabre ; alors, le brandissant de tous côtés, il cherche à couper la tête du pauvre animal cloué au pilori.

Après un temps déterminé, le sabre et le bandeau passent au numéro suivant, jusqu’à ce que la victime sanglante, pantelante, soit décapitée et emportée triomphalement par le vainqueur.

Ceci est un reste de barbarie dont l’habitude dissimule la cruauté ; mais les accidents nombreux qui en résultent, suffisent pour que ce jeu soit désormais relégué à l’état de souvenir.

J’ai vu, la veille du mercredi des cendres, un autre genre de récréation rappelant les fêtes du moyen-âge.

Un énorme mannequin d’osier et de paille, représentant Mardi-gras, est fabriqué et porté sur la place publique, on l’entoure, on rit, on chante, on danse ; et quand la nuit est arrivée, on y met le feu ; ce sont alors des cris de joie et des battements de mains à mesure que la flamme monte, monte dans les airs.

Serait-ce une manière de célébrer la victoire du peuple sur l’Inquisition ?