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LES ARDENNES

le couper au commencement de l’hiver, le sixième jour de la lune et distribuer aux fidèles cette panacée universelle.

Le prestige de ces prêtres subsista après l’établissement du christianisme ; et celui des Druidesses fut si tenace, si durable, que maintenant encore on en trouve des traces.

La croyance au Gare-loup, cachant un homme sous son pelage, terreur de nos villages bourguignons en est une preuve. Il est facile de se rendre compte de cette influence.

Les Druidesses vivaient fort retirées ; dans le creux des cavernes, dans les puits desséchés ou d’autres lieux isolés. Nul ne s’imaginait qu’elles vivaient par les moyens ordinaires ; il était tout simple alors, de leur attribuer une sorte de sainteté ; et, par conséquent, une puissance surnaturelle.

Elles pouvaient métamorphoser les hommes en animaux, particulièrement en loups.

Les Druidesses ayant intérêt à propager ces fables, firent tout pour les accréditer ; et l’ignorance continua leur œuvre pendant des siècles, jetant aux générations ces absurdités en pâture ; si bien, qu’elles nous sont arrivées un peu altérées, mais reconnaissables pourtant.

La forêt des Ardennes, avec ses grandes voûtes de verdure, me faisait penser aux scènes sanglantes des sacrifices gaulois qui, tant de fois, s’y sont accomplis, et je frémissais, moi soldat, en songeant à la cruauté de nos terribles aïeux, clouant au tronc des grands chênes, la tête et la