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L’INSTRUCTION VOLONTAIRE

maient plus qu’un seul peuple : une société nouvelle était née. Mais au sein de cette société qui avait pour maxime : « La force prime le droit, » le pouvoir devait nécessairement devenir oppresseur jusqu’à ce que le faible, près d’être anéanti, vint, dans un superbe élan de justice et d’indignation, réclamer sa part de l’héritage commun.

Emu, attentif, je suivais les phases de notre grande révolution, je sentais combien notre génération aurait à lutter pour en affermir les bases qu’un ennemi occulte cherche sans cesse à ébranler : notre force à nous, était d’acquérir toujours, de faire notre devoir et de maintenir nos droits.

Les sciences m’intéressaient vivement aussi parce qu’elles augmentent le domaine de l’intelligence humaine et éloignent celui qui les cultive des préjugés, du mensonge et des superstitions.

Lorsque j’écrivais au pays, avec quelle chaleur je recommandais au cousin Pierre d’apprendre à lire afin de ne pas s’en rapporter à l’appréciation et au jugement d’autrui, surtout en ce qui concerne les affaires publiques.

Ma dernière lettre était plus pressante que jamais. Quand elle partit, je ne me doutais pas que je n’en daterais plus de Perpignan. Huit jours après nous avions ordre de quitter cette ville pour tenir garnison à Mézières.

Trois ans passés en Roussillon pendant lesquels j’avais travaillé autant que possible, où j’avais obtenu mes premiers grades, m’avaient