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L’INSTRUCTION VOLONTAIRE

ai eu de la peine à lire autrement ! Et, encore aujourd’hui, quand je suis seul, je lis comme vous voyez… Ça m’est plus commode !

— La manière est originale ! enfin ! puisque vous ne perdez pas votre temps, continuez ! conscrit, continuez !

Les nouvelles recrues nous arrivaient non seulement illettrées ; mais l’esprit faussé, imbu des plus sots préjugés ; j’avais de bons motifs pour ne pas m’en étonner.

Les superstitions de nos campagnes me revenaient à la mémoire et me faisaient sourire ; néanmoins, je sentais que, bercé dans ces idées, il était presque impossible de s’en défendre, surtout lorsqu’on ne quittait pas le pays.

Je pensais à l’opinion qu’on y avait en général de l’instruction en me rappelant un mot de Mathurine au sujet de la visite d’un jeune clerc du voisinage. Il passait pour très savant.

Du reste, ses vêtements élégants lui valaient les suffrages de la moitié du village ; mais Mathurine, elle, hochait la tête, elle avait son idée sur la science ; et, pour en juger en toute connaissance de cause, elle se rendit chez la tante du jeune homme.

— Bonjour, voisine, qu’est-ce qu’il y a de nouveau chez vous ?

— Il y a mon neveu que voilà.

Mathurine mit ses lunettes.

— Heu ! pâlot ! chétif ! ça n’a que le souffle ! murmura-t-elle. Tous comme ça ces hommes de plume ! Dites donc, monsieur, on dit que