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SERGENT !

comme leurs parents qui avaient bien vécu, ignorant de quel côté il faut tourner un livre.

À ce propos, je me rappelle un jeune soldat que je trouvai un jour assis sur un banc, le bonnet de police derrière la tête, lisant des lèvres avec une profonde attention.

Je m’approche :

— À la bonne heure ! voilà comment on devient.

Je m’interromps :

Il tenait son livre à l’envers.

— Que faites-vous donc, conscrit ?

— Je lis, sergent.

— Vous lisez en tournant votre livre la tête en bas ?

— Excusez ! sergent… j’ai appris des deux côtés !

En effet, il lisait parfaitement ainsi.

Je vas vous expliquer, sergent, quand j’allais à l’école, le maître, un vieux du temps passé, se moquait pas mal de notre avancement. Tant mieux pour celui qui apprenait, tant pis pour les autres !

Notre alphabet, c’était lui qui en avait l’endroit ; et on criait tous ensemble le nom des lettres.

Moi, on me plaçait toujours du mauvais côté. quand on disait : A, je répétais A, en regardant la lettre à l’envers.

Ce qui fait, que lorsqu’on épelait, j’assemblais aussi ; mais toujours à l’envers.

C’est comme ça que j’ai appris à lire. Ah ! j’en