donnaient par leur présence un caractère imposant à la cérémonie. Beaudoin et moi, nous nous tenions à l’écart, en arrière de nos jeunes condisciples afin que nos uniformes ne nous fissent point remarquer.
Dire la joie des collégiens après l’appel nominal des récompenses ? Chacun l’a éprouvée. Le principal, alors, se lève, s’avance vers l’auditoire, et prononce ces paroles au milieu d’un profond silence :
» Nous venons de payer le tribut dû au travail et au mérite, avec toute l’impartialité imposée à notre conscience ; notre devoir cependant ne peut se borner là aujourd’hui devant un fait si rare que jusqu’à présent il est unique — unique, non-seulement dans notre ville ; mais dans des cités d’une plus grande importance.
» Il y a dans cette assemblée, Messieurs, deux jeunes gens, voués dès leur enfance aux plus rudes labeurs ; l’un, à peine entré dans l’adolescence, a manié l’outil, l’autre a vécu parmi les travailleurs qui ensemencent nos plaines et tracent les sillons. Je m’écrierais avec le poète :
» Si le milieu dans lequel ils se trouvaient, leur condition de fortune, ne leur avaient interdit