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SERGENT !

donnaient par leur présence un caractère impo­sant à la cérémonie. Beaudoin et moi, nous nous tenions à l’écart, en arrière de nos jeunes con­disciples afin que nos uniformes ne nous fissent point remarquer.

Dire la joie des collégiens après l’appel nominal des récompenses ? Chacun l’a éprouvée. Le principal, alors, se lève, s’avance vers l’au­ditoire, et prononce ces paroles au milieu d’un profond silence :


« Messieurs,


» Nous venons de payer le tribut dû au travail et au mérite, avec toute l’impartialité imposée à notre conscience ; notre devoir cependant ne peut se borner là aujourd’hui devant un fait si rare que jusqu’à présent il est unique — unique, non-seulement dans notre ville ; mais dans des cités d’une plus grande importance.

» Il y a dans cette assemblée, Messieurs, deux jeunes gens, voués dès leur enfance aux plus rudes labeurs ; l’un, à peine entré dans l’adolescence, a manié l’outil, l’autre a vécu parmi les travailleurs qui ensemencent nos plaines et tracent les sillons. Je m’écrierais avec le poète :


» Heureux laboureurs !


» Si le milieu dans lequel ils se trouvaient, leur condition de fortune, ne leur avaient interdit