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LE COLLÈGE D’ÉVREUX !

ses idées à pleins flots. Tout enfant, il avait connu la pauvreté ; sa mère était seule pour l’élever, de sorte que, petit encore, il avait dû comme tant d’autres enfants, se rendre utile et rapporter chaque soir un faible salaire, indispensable dans leur situation. L’école, hélas ! il n’y était jamais entré.

Arrivé au régiment, il se mit à l’étude ; en quelques mois, il arriva au point où bien des jeunes gens, servis par la fortune, ne parviennent qu’en plusieurs années.

À mesure que son instruction s’étendait, il désirait savoir davantage ; ne trouvant plus à l’école mutuelle les éléments nécessaires, il avait aussi sollicité la faveur d’aller au collège.

L’année scolaire finissait, les élèves n’avaient plus souci que de la distribution des prix et des vacances passées en famille ; ils calculaient impatiemment leurs chances de succès ; la classe se ressentait de cet état des esprits ; elle était moins calme et moins silencieuse qu’à l’ordinaire. La veille du grand jour était arrivée.

Le principal entra et nous dit à Beaudoin et à moi :

— Messieurs, je compte sur vous demain…

— Monsieur le Principal, nous nous ferons un plaisir… certainement…

Le jour suivant, une vaste tente enguirlandée de feuillage et de fleurs, recevait sous son abri tout ce que la ville d’Evreux comptait de personnés recommandables, notables ou connues.

Les autorités placées sur une vaste estrade