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SERGENT !

tous de ne pas voir la chère tienne, je ne pense pas pourtant que l’état militaire te fasse oublier les vieux amis.

» Adieu, mon Daniel, tous les voisins te souhaitent le bonjour. Je ne t’en dis pas davantage par la raison que le grand Thomas qui est tou­jours de ce monde vient m’emprunter un boisseau de froment qu’il ne me rendra pas.

» Je te serre la main.

» Ton cousin pour la vie.
» Pierre. »


Cette bonne lettre mefit un bien immense, je repris courage et je me reprochai amèrement de m’être laissé affaiblir par la pensée d’une sotte superstition.

— Non : me dis-je avec résolution, je ne mour­rai pas ! je garderai mon bras, et avant peu je serai sur pied parce que je le veux !

La nuit suivante, j’eus constamment devant les yeux ce mot, il semblait rayonner, l’espérance renaissait dans mon cœur par la volonté.

Lorsque le docteur visita mon bras, il resta stupéfait : tout symptôme alarmant avait dis­ paru. J’avais si bien dormi !

La fièvre s’était calmée ; il ne fut plus question d’amputation.

En peu de temps, mes forces revinrent. Je devais à la devise du père Lascience : Travail