tous de ne pas voir la chère tienne, je ne pense pas pourtant que l’état militaire te fasse oublier les vieux amis.
» Adieu, mon Daniel, tous les voisins te souhaitent le bonjour. Je ne t’en dis pas davantage par la raison que le grand Thomas qui est toujours de ce monde vient m’emprunter un boisseau de froment qu’il ne me rendra pas.
» Je te serre la main.
Cette bonne lettre mefit un bien immense, je repris courage et je me reprochai amèrement de m’être laissé affaiblir par la pensée d’une sotte superstition.
— Non : me dis-je avec résolution, je ne mourrai pas ! je garderai mon bras, et avant peu je serai sur pied parce que je le veux !
La nuit suivante, j’eus constamment devant les yeux ce mot, il semblait rayonner, l’espérance renaissait dans mon cœur par la volonté.
Lorsque le docteur visita mon bras, il resta stupéfait : tout symptôme alarmant avait dis paru. J’avais si bien dormi !
La fièvre s’était calmée ; il ne fut plus question d’amputation.
En peu de temps, mes forces revinrent. Je devais à la devise du père Lascience : Travail