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LE COLLÈGE D’ÉVREUX !

barricade de grandes cornes qui attendent le loup sans broncher. Braves bêtes ! Ceux qui disent qu’il n’a que l’homme capable de penser, s’entendent aux choses comme moi à tenir une quenouille.

» Maître loup ne savait à quelle corne s’attaquer, comme tu penses.

» Par malheur, ma jument était dans le champ avec les bœufs, je lui avais mis l’entrave, je ne te dirai pas à toi, mon cher, que c’est une chaîne courte qu’on attache aux jambes de devant, tu n’as pas oublié ta jeunesse, j’espère ?

» Je me demandais : que va-t-elle devenir ? Est-ce que ma jument ne se met pas à bondir, à ruer ; elle s’élance en avant, arrive sur le loup, soulève ses jambes entravées et retombe sur l’animal furieux qui se trouve pris et maintenu sous la chaîne. Il n’était pas à son aise, le gaillard ! il essayait de sauter au cou de la jument… Ah ! oui, je t’en souhaite ! la chaîne de fer le collait parterre. Elle le mord, l’étouffe… je trouve un gros gourdin que je n’avais pas vu d’abord, je l’empoigne et j’assomme le loup.

» J’avais déjà entendu dire que les bœufs et les chevaux se défendaient de cette manière-là ; mais je ressemblais terriblement à certain incrédule, à présent, je l’ai vu, suffit !

» J’aurais encore bien du nouveau à t’apprendre, mais, pour le moment, ce n’est pas facile, vu qu’un pauvre paysan comme moi a bien de la peine à parler en écriture.

» Mon cher camarade, le temps nous dure à