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AUX ARMES !

sine des soldats français et vous restez impassible ? et vous ne donnez point d’ordre ? et vous ne courez pas à leur aide ? et vous punissez ce sergent qui a obéi à sa conscience d’homme et de soldat ! Ce sont les chefs, monsieur, qui doivent donner l’exemple du courage et du dévoûment. Sergent-major, je lève votre punition… quant à vous, capitaine, vous vous présenterez chez moi demain dans la matinée.

Le capitaine pâlit ; mais il s’inclina sans rien dire.

Ma blessure d’abord ne m’avait produit qu’un engourdissement, elle me faisait souffrir de plus en plus ; lorsque nous rentrâmes chez notre hôte, je tombai sans force sur le chétif grabat me servant de lit.

Pendant plusieurs jours une fièvre brûlante me dévora ; je songeais douloureusement à ma famille et à toutes les bonnes gens du pays.

Dans mes rêves maladifs, je voyais la vieille Mathurine secouer la tête en s’adressant à ma mère ;

— Ah ! Marie-Jeanne, je vous l’avais prédit, ces choses-là, ça ne pardonne pas ! le numéro treize ! le numéro treize, ma chère !

Et le parrain ripostait en riant :


Tant qu’il reste un brin d’espérance,
Il faut toujours dire. En avant !


On me transporta dans une maison où je reçus les soins nécessaires à ma situation ; le chirur-