nous n’avions qu’à rentrer au village en veillant plus que jamais ; l’ennemi tenterait probablement sans tarder quelque nouvelle attaque.
Comme nous traversions le petit bois, uné Vive fusillade éclata à peu de distance.
— Capitaine, dis-je hors de moi, ayant encore devant les yeux mon pauvre fourrier tout sanglant, capitaine, entendez-vous ?
— C’est loin ! répondit-il en allongeant les lèvres. La fusillade recommença.
— Entendez-vous, capitaine ?… On tue les nôtres… Le capitaine ne répondit pas. Il préférait rentrer à son logement plutôt que d’exposer sa vie.
Une troisième décharge meurtrière retentit. Je n’y tins plus.
— À moi ! camarades ! criai-je. Je partis en avant suivi d’une dizaine d’hommes.
Un groupe de Chouans blottis derrière les buissons, s’était jeté sur un détachement du 43° qui passait. Ils se battaient avec rage ; notre arrivée sauva nos frères ; les Chouans s’enfuirent nous laissant plusieurs prisonniers.
Nous nous préparions à retourner vers les camarades quand, à hauteur d’homme, contre un tronc d’arbre, je crus voir flotter un ruban blanc ; un éclair fila devant mes yeux, une détonation se fit entendre, un coup strident comme un coup de fouet me frappa au bras ; une balle l’avait traversé de part en part.
Le sang coulait en abondance, on m’enveloppa avec des mouchoirs et on se remit en marche.