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AUX ARMES !

de mal ; mais, dites-nous si les Chouans sont partis.

— Sainte mère de Dieu ! je n’en sais rien !

— Fourrier, conduisez cette vieille chouette au capitaine ; il l’interrogera…

— Seigneur trois fois saint ! s’exclama de nouveau la vieille.

À ce cri, un coup de fusil partit, une balle m’effleura le bras et alla frapper mon pauvre fourrier. Il fit un tour sur lui-même et tomba.

— À moi, les amis ! Garde à vous ! criai-je de toutes mes forces.

Le capitaine et les hommes accoururent en toute hâte. On releva le fourrier, hélas ! la balle avait frappé en plein cœur.

Il était mort.

Transporté de douleur et d’indignation, je voulus saisir la femme et l’enfant : ils avaient disparu, sans doute par quelque souterrain connu seulement des Chouans. Dans une pièce contigue à celle où je les avais trouvés, je relevai un chapeau orné d’une cocarde blanche qu’on n’avait pas pris le temps de ramasser en fuyant, je suis persuadé qu’il appartenait à l’assassin de mon pauvre camarade ; et que la vieille avait joué un rôle pour nous arrêter et laisser le temps de s’éloigner à ses misérables compagnons.

On emporta le fourrier, tous nous avions le cœur serré et des larmes dans les yeux. Chacun l’aimait et l’estimait au régiment ; c’était un honnête homme et un brave soldat de moins !

Le château était bien sûr entièrement évacué,