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AUX ARMES !

— Moi, fit mon fourrier.

Comme c’était pour éviter d’attirer l’attention de l’ennemi que nous allions deux seulement en avant, nous marchions sur la pointe des pieds, les autres attendaient notre signal. Nos yeux s’ouvraient tout grands dans l’ombre, redoutant quelque piège ou quelque surprise. Personne dans le vestibule ! Nous montons, touchant les portes avec prudence. Un craquement… le vieux parquet nous dénonce… Je m’arrête, j’écoute… rien :

Le vent fait-il frémir les croisées vermoulues ?… En voici une non fermée — des Chouans se sont enfuis par là, pour rejoindre ceux qui ont tiré sur nous !

Nous touchons à cette pièce où luit une petite lampe. Combien sont-ils là-dedans ? Bah ! deux hommes déterminés sont plus forts qu’on ne le croit ! alors, malgré la gravité des circonstances, le refrain du parrain me revient à l’esprit :


Soldats, en avant !
Sois toujours content.
Bon enfant,
Bénissant
L’existence :
Tant qu’il reste un brin d’espérance,
Il faut toujours dire : En avant !


Réconforté par ce chant de mon enfance, je poussai vivement la porte. Une clameur lamentable s’éleva : une vieille femme et un enfant tom-