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SERGENT !

non brillant d’un fusil ne luisait pas entre les herbes.

Il fallait traverser un petit bois pour arriver au château, à tout moment, l’un de nous pouvait tomber foudroyé. Enfin, nous sortons du bois, avant peu l’ennemi surpris sera entre nos mains ! On respire ! voici devant nous le vieux castel aux pierres sombres ; une faible lueur passe à travers l’une des grandes fenêtres : Les Chouans sont là !

Nos cœurs battent d’émotion.

Point de bruit pour ne pas donner l’éveil… on place d’un côté du donjon des hommes pour garder les issues, de l’autre, on cerne complètement. Chacun retient son souffle ; il s’agit d’entrer et de s’emparer des insurgés…

Une décharge épouvantable retentit. Des espions ont prévenu les Chouans ; ils nous attendaient cachés dans les broussailles environnantes. Pendant qu’une poignée des nôtres les poursuit, le capitaine s’écrie :

— Personne de mort ! Bon ! Ah ! brigands 1 nous vous rendrons ça !… Il faut à tout prix pénétrer dans le château ! Pas un n’en sortira !

Les soldats l’enveloppent de toutes parts, nul ne peut passer sans être vu ; mais les premiers d’entre nous qui s’y introduiront, courent les plus grands dangers.

— Mes amis, nous dit le capitaine, deux hommes de bonne volonté pour entrer dans ce nid de brigands.

— Moi, mon capitaine, répondis-je.