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LE SERGENT DANIEL

ments pour lui prouver, à cette brave Mathurine, combien tout cela est absurde, mais, bah !

— Pas moyen de lui guérir la vue !

— Impossible, mon cher ! Elle se figure qu’il est en rapport avec le diable… et son train, et le regarde toujours de travers et pleine de défiance.

Elle le brave avec crainte. C’est curieux !

— Pauvre vieille !

— Cette persuasion s’est augmentée à partir du moment où la Toinon, avec qui elle passait des heures à bavarder, est devenue propre, soigneuse et bonne ménagère par l’influence bienfaisante du parrain. Malgré ses travers, c’est une excellente femme ; mon père et ma mère la regardent comme de la famille.

— Vous avez encore vos parents, sergent ?

— Oui, heureusement. Aussitôt que les circonstances le permettront, je me ferai une fête. d’aller les embrasser. Le Numéro Treize en vaut bien un autre, et l’étude est une occupation utile et agréable pour les soldats de tous grades ; ce sera prouvé. Vous comprenez, fourrier ! Quand on ne travaillerait que pour donner l’exemple aux autres…

— Vous avez, parbleu ! de l’idée, sergent, Le Rebouteux a parlé comme un grand sans-raison, c’est clair !… Hé ! la retraite ! Rentrez-vous au quartier ?

— Non ! Je vais à la bibliothèque. Bonne nuit, camarade !

— Vous, pareillement, sergent !