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LES CHOUANS.

moins, et au moment où on n’y pensait pas, une décharge arrivait… Vous cherchiez ! personne ! Si par hasard vous aperceviez un paysan en train de cultiver son champ et que vous l’interrogiez, il répondait : « Nentenquet ! » mais il avait tiré avec les autres et caché son fusil dans les brous sailles. Fourrier, ayons toujours l’œil et l’oreille au guet, croyez-moi !…

— Nous l’aurons, major !

— Pendant la Révolution les royalistes comptaient sur la Bretagne et la Vendée pour une restauration ; cela ne les empêchait pas de mépriser les gens humbles et dévoués qui se faisaient tuer pour eux.

— Comment ?

— Une flotte portant des émigrés et des munitions avait mouillé dans la baie de Quiberon. Les seigneurs voyant qu’il fallait combattre avec des misérables, malpropres, tout en guenilles, en furent très humiliés ; de leur côté, les Chouans s’apercevant qu’on allait les sacrifier, firent éclater leur mécontentement. La désunion se glissa dans les rangs. Ainsi le général Hoche les vainquit complètement. Vous savez bien Hoche, appelé le Pacificateur de la Vendée ?

— Oui, mais je vous serai obligé de me rappeler pourquoi.

— Il traita les révoltés avec douceur et bonté, leur procura les moyens de réparer leurs fermes, de reprendre leurs travaux ; il fit enrôler dans les armées de la République ceux qui avaient l’habitude de la guerre, dont l’exemple et les conseils