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SERGENT !

a certainement bien agi en sauvant ses ennemis ; et cependant je penche à croire que quand il avait bien battu les Bleus, il était content.

— C’est probable ! pourtant, il a prononcé ces paroles : « Nous ne devons pas prétendre à la gloire humaine, les guerres civiles n’en donnent point. »

— Après sa mort, que sont devenus les Vendéens ?

— Quatre-vingt mille Vendéens soulèvent l’Anjou, le Maine et la Bretagne, battent les Bleus et pénètrent jusqu’à Granville d’où ils espèrent communiquer avec les Anglais ; mais Granville les repousse, ils sont rejetés sur le Mans, écrasés dans cette ville et achevés dans Savenay. Ainsi finit la grande guerre.

— Mais non, puisque nous nous battons en core !

— Je veux dire la guerre en batailles rangées ; car l’insurrection ne fut pas complètement éteinte ; les colonnes infernales

— Qu’est-ce que cette diablerie ?

— Des colonnes mobiles organisées par le général Thureau pour punir par le fer et le feu ceux qui refusaient de se soumettre. La fureur des paysans était extrême, et quand les soldats républicains tombaient entre leurs mains, il n’y avait point de merci pour eux. Les Chouans les traquaient comme des bêtes féroces… ainsi qu’ils font pour nous aujourd’hui.

— C’est doux à penser.

— Ils se rassemblaient à dix, vingt, plus ou