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LES CHOUANS.

des devises royalistes. Leurs armes étaient des fusils de chasse, des pieux, des faulx… tout ce qui pouvait servir à tuer.

— Drôles de soldats ! enfin, l’habit ne fait pas le moine.

— On voyait dans l’armée des femmes et même des enfants ; une jeune fille de treize ans était tambour dans l’armée d’Elbée.

— Sur ma vie ! je ne voudrais pas me battre contre de pareils soldats !

— Je le crois. Il y eut de part et d’autre des victoires et des défaites ; beaucoup de sang avait coulé quand Kléber fut envoyé au secours des Républicains. Il tenta de séparer les Vendéens de la mer, où venait de se montrer une flotte anglaise. Afin d’arrêter l’ennemi au passage d’un pont, il y place un officier avec quelques hom mes : « Mes amis, leur dit-il, vous vous ferez tuer ici ! »

— Ils le firent ?

— Tous. En onze jours les Vendéens sont quatre fois vaincus, leurs meilleurs généraux sont tués ; parmi eux Bonchamps qui, avant de mourir, obtient la grâce de quatre mille prisonniers près d’être fusillés par les siens.

— Très beau !

— Sa veuve trouva grâce devant le tribunal révolutionnaire de Nantes en récompense de l’acte généreux de son mari.

— Echange de bons procédés !

— Le bien attire le bien.

— Tenez, major, je vais vous dire… Bonchamps